Consulat
Bien qu’il n’ait duré que cinq ans (1799-1804), le Consulat eut une influence considérable sur l’évolution historique et politique de la France. Lasse des excès révolutionnaires, la jeune République recherchait un équilibre intérieur qui lui permettrait de faire face à une Europe hostile. Le Directoire, en dépit des brillantes campagnes de Bonaparte, avait abouti à une nouvelle coalition contre la France, qui dut abandonner ses conquêtes de la péninsule italienne. A l’intérieur, divers coups d’Etat avaient affaibli le pouvoir, et la situation financière était précaire. Fort du prestige de ses victoires militaires, le jeune général Bonaparte fut le principal artisan du coup d’Etat du 18-Brumaire (9 novembre 1799), qui remplaça le Directoire par trois consuls nommés pour dix ans: Bonaparte, Sieyès et Roger Ducos. Il travailla à transformer ce consulat en monarchie héréditaire, tout en donnant à la France une structure administrative qui subsiste encore.
La République consulaire (1799-1802). Mécontent des institutions prévues par Sieyès, Bonaparte impose la Constitution de l’an VIII, qu’il voulut « simple et obscure » afin de garder les mains libres. Le suffrage universel est, en principe, rétabli. Le pouvoir exécutif est confié à trois consuls désignés pour dix ans : Bonaparte, Premier consul, Cambacérès et Lebrun ; le législatif est partagé entre le Tribunat et le Corps législatif, dont les membres sont nommés par le Sénat sur des « listes de notabilités » issues d’un suffrage à plusieurs degrés. Le redressement financier est la première préoccupation du nouveau gouvernement ; il ressuscite le crédit, fonde la Caisse d’amortissement et favorise la création, le 13 février 1800, de la Banque de France. L’administration fait l’objet de profondes réformes : un Conseil d’Etat est créé, des préfets placés à la tête des départements et des sous-préfets dans les arrondissements. Des conseils généraux et des conseils municipaux élus sont institués, ainsi que des maires nommés par le gouvernement dans les agglomérations importantes. L’appareil judiciaire lui-même est réorganisé : les juges ne sont plus élus mais nommés, le ministère public est créé. A l’extérieur, la deuxième coalition est disloquée par les victoires de Marengo et de Hohenlinden ; les traités de Lunéville et d’Amiens rétablissent la paix. Néanmoins, la puissance grandissante du Premier consul fait des mécontents, chez les royalistes comme chez les jacobins qui complotent : l’attentat royaliste de décembre 1800 fait 22 morts et sert de prétexte à Bonaparte pour déporter en Guyane une centaine de ses adversaires républicains. Pour apaiser les esprits, il tente de se rapprocher des catholiques et signe le Concordat le 15 juillet 1801.
La monarchie consulaire (1802-1804) Deux ans vont suffire pour transformer le pouvoir personnel de Bonaparte en monarchie héréditaire. Par le plébiscite du 2 août 1802, il se fait nommer consul à vie (3 568 885 « oui », contre 8 374 « non ») et modifie la Constitution en conséquence. Plus tard, l’Angleterre, jalouse de la nouvelle puissance de la France, reprend les armes et soutient les complots montés contre le Premier consul. Cette agitation intérieure et les nouvelles menaces de guerre poussent Bonaparte à asseoir davantage son pouvoir : par le sénatus-consulte du 28 floréal an XII (18 mai 1804), il se fait nommer « empereur héréditaire des Français ». Pendant cette seconde période du Consulat, Bonaparte avait fait oeuvre de « despote éclairé » : promulgation du Code civil, création des lycées, et développement des industries nationales.